Sur la côte dalmate, Split est une ville portuaire balayée par les vents. C’est ici que vit Bruna avec sa mère dans le petit appartement socialiste que son père leur a abandonné lorsqu’il a pris la tangente avec sa maîtresse. Bruna vit la vie simple d’une jeune femme de vingt ans au mi-temps des années 2000. Comptable le jour, elle sort parfois avec ses amies et un soir elle rencontre Frane. Quelques années plus tard, ils se marient et décident d’aller vivre au deuxième étage de la maison d’Anka la mère de Frane. Deux ans plus tard, Bruna est en prison après avoir empoisonné sa belle-mère.
A l’instar du chef d’œuvre de Gabriel Garcia Marquez, Chronique d’une mort annoncée, Le Femme du deuxième étage plonge le lecteur dans une tension qui ne doit rien au suspense. Porté par la voix de Bruna qui ne cache rien de ses vicissitudes, de ses doutes ou de ses victoires, le récit alterne plusieurs temporalités qui s’éclairent et se répondent. Plusieurs Bruna s’adressent à nous, celle qui, encore libre (mais ce terme est-il vraiment valable ?), va mettre en œuvre l’empoisonnement d’Anka, celle emprisonnée qui, ironie du sort, est affectée à la cuisine des détenues et enfin celle libérée qui doit retrouver un sens à sa vie et une place dans ce monde.
La toile de fond de la Croatie contemporaine est riche d’enseignements tant sur la vie de tous les jours, de la nourriture à la météo, que sur les transformations à l’œuvre au cœur de la société, des effets de la mondialisation sur les emplois à l’arrivée d’un tourisme opportuniste.
Tout est juste dans l’écriture de Jurica Pavicic. Tous les personnages y sont essentiels et particulièrement bien campés. Ni innocents, ni coupables, il n’y a dans ce roman que des hommes et des femmes pris au piège de prisons qu’ils ont bâti eux-mêmes.
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