C’est l’histoire d’une folie.
Elle est cultivée en Turquie, au début du XXe siècle, dans les petites guerres de pouvoir que se livraient les pachas du sultan par le biais des gangs de la capitale, alors que l’empire ottoman est en plein délitement.
Cette folie, Ziya l’embrasse dès le tout jeune âge. Il appelle ça « l’honneur », œil pour œil, c’est la condition pour être un vrai homme. Alors qu’il grandit, de vengeances en coups d’éclat, entre les rues d’Istanbul, les vergers d’Alexandrie, la prison et les salles de jeux, c’est l’obsession pour l’honneur et la mort qui occupe la totalité de son esprit. Avec Nora. Jusqu’à se persuader, dans son délire narcissique, que son nom marquera l’Histoire.
Ahmet Altan propose ici un roman bouleversant, où les lecteurices se retrouvent forcés à ressentir et à craindre les conséquences à la place d’un personnage parfaitement froid et déterminé à mourir. Après lecture, vous voudrez sans aucun doute vous renseigner sur cette période méconnue en France.
« Il allait jouer sa vie. Ce qu’ils offraient en échange de sa vie en disait toute la valeur. Un empire, ils lui proposaient un empire contre sa vie. Assurément, il fallait risquer de mourir pour prouver cette valeur-là. Jouer la vie et la mort en une seule mise, côte à côte imbriquées sur le tapis vert, c’était en démultiplier le prix, de l’une comme de l’autre, vertigineusement. Sa vie n’intéressait personne, pas plus que sa mort, mais mettait-on les deux ensemble qu’aussitôt elles valaient un empire. Il fallait les maintenir ainsi, solidaires, inséparables. Une vie qui n’embrasse pas la mort n’est pas digne d’être vécue. Or sa vie à présent devenait digne d’être vécue, et jamais peut-être elle ne lui avait parue aussi belle et aussi précieuse que ce soir-là. Une vie qui méritait qu’on meure pour elle. »
Dylan
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